Libération avait donc raison : les israéliens ne sont pas seulement des brutes sanguinaires qui violent à satiété les jeunes filles gazaouites, martyrisent les honnêtes citoyens de Ramallah, assassinent sans raison des pacifistes palestiniens, ce sont aussi des fous dangereux qui, à force de se branler le cerveau sur l’étude de la Torah, finissent par avoir des troubles du comportement assez gênants et équivoques pour déclencher l’opprobre générale.

Ou en d’autres termes moins circonstanciés, admettons que les juifs orthodoxes qui colonisent certains quartiers de Jérusalem et autres faubourgs des rivages du Jourdain, sont des “sales juifs”. Complètement barrés. Irréductiblement timbrés. Irrécupérablement zinzins. Pour m’être baladé une fois, une seule fois, dans le quartier de Mea Sharim à Jérusalem où ces dévissés du cerveau sévissent, je puis affirmer que le spectacle offert par cette bande de furieux zélotes zélés, a de quoi éveiller des soupçons quant à leur état mental.

Là défilent des bandes granguinolesques de Rabbi Jacob d’opérette, habillés de pied en cap de manteaux de fourrure élimés, noirs comme de l’encre de chine, coiffés de soucoupes volantes disgracieuses, décorés de défilés de papillotes dégringolants jusqu’aux genoux, se promenant par troupeaux entiers, le long de rues inamicales et vétustes : les femmes dépenaillées, engrossées jusqu’aux orteils, les maris, déguenillés, repus de suffisance et d’arrogance, s’en allant, sévères, de yeshiva en synagogue surveiller leurs ouailles afin de s’assurer que le bourrage de crâne entretenu à coups de leçons mastiquées et inlassablement ressassées, finit bien par éteindre toute trace d’originalité ou d’intelligence dans le cerveau retréci de leurs descendants.

La plupart d’entre eux ne travaillent pas puisqu’ils pensent, ne survivant que grâce aux subsides de l’état providence et aux impôts récoltés auprès du bon peuple, cohorte de citoyens travaillant comme des bâtards de forçats, prix à payer pour n’être que des petites personnes étrangères à la notion de transcendance et d’élévation de l’âme. Évidemment, vu que leur temps est compté et, que sans eux, sans leur dialogue constant et ininterrompu avec les instances supérieures, Dieu le Père se mettrait en colère et, contemplant le spectacle de ces renégats de juifs désenjuivés, convoquerait une colonie de sauterelles papillonner à la surface de la terre, ils n’envoient pas non plus leurs marmailles à l’armée, et se contentent de passer leurs journées à scruter la Thora sous toutes ses coutures.

Du moins, c’est ce qu’ils prétendent.

Parce qu’après 5000 ans d’étude des textes sacrés, aussi savants et tarabiscotés soient-ils, on doit tout de même commencer par avoir une vague idée du comment du pourquoi du mystère du buisson ardent, non ? Ou alors n’est-ce là qu’un savant subterfuge pour passer ses journées à paresser sans que personne ne vienne vous demander des comptes. On ne demande pas des comptes à Dieu. On s’incline bien bas et on passe son chemin pour ne pas déranger ces grands esprits ou prétendus tels. Car rien, absolument rien, ne prouve que l’étude répétée des textes sacrés entretienne un quelconque rapport avec la notion d’intelligence. On se trouverait plutôt du côté de l’endoctrinement et de l’abrutissement de masse que pratiquent avec une assiduité remarquable les Coréens du Nord. Il est avéré que si dès le premier biberon on vous abruti de versets religieux, si tout se passe bien, une fois débarqué à l’âge adulte, votre cerveau sera assez agile pour jongler avec les règles édictées par l’Éternel au sujet de la cuisson de la carpe farcie.

Tout ceci serait anecdotique – juste une bande de mischugen attardés dans les reliures du passé, remisés dans quelques casernes pour rabbins défroqués – si ces gens n’avaient aussi le droit de voter, alors que non seulement ils n’en foutent pas une, mais de surcroît ne payent pas d’impôt, et refusent d’accomplir leur service militaire, tout en envoyant à la Knesset une flopée de véhéments députés aboyer sur le scandale des jeunes filles se comportant comme de vulgaires prostituées au prétexte qu’elles osent se promener sans pot de fleurs sur la tête.

Des parasites priapiques qui se multiplient comme des lapins, bouffis d’intolérance, se croyant porteur de la parole divine et par conséquent supérieurs de toute éternité, s’arrogeant le droit de terroriser la populace, au seul tort qu’elle ne pense pas, ou du moins qu’elle ne pense pas comme eux. Se permettant désormais de cracher sur des femmes parce qu’elles refusent de s’asseoir au fond des bus, là où elles ne gênent pas de trop. Des hystériques d’intégristes qui n’ont rien à envier aux fils du mollah Omar. Des circoncis du cervelet, détenteurs de la Vérité Suprême, qui se permettent de jouer les caïds dans les quartiers de leur cité le jour du Shabbat, lorsqu’ils bloquent les rues, interdisent les voitures de circuler, excommunient le premier qui se permet d’actionner un interrupteur.

L’excommunication, c’est ce que les dirigeants israéliens devraient opérer. Les cueillir au petit matin et les déporter dans les faubourgs de Téhéran. Ils ne seraient pas dépaysés. Les fous de Dieu n’ont pas de patrie. Si ce n’est celui de leur infinie et crasse bêtise.

Laurent Sagalovitsch